CONCEPTION & REALISATION
Novembre 2025
Philippe Géraudel.
Multi-
ESSEC, Boston Consulting Group.
geraudel@hotmail.com
www.geraudel.online
Depuis 1789, les députés représentent juridiquement la Nation tout entière.
Pourtant, l’analyse arithmétique de la représentativité réelle du Parlement en 2024 met en évidence un paradoxe profond : un vote moyen à l’Assemblée nationale ne représente sociologiquement que 5 % de la population française, soit 3,44 millions de personnes sur 68,52 millions.

Ce chiffre de 5 % ne remet pas en cause la légitimité constitutionnelle de l’Assemblée nationale, mais éclaire les causes du décrochage démocratique, illustré par le sondage ELABE (septembre 2025) où 91 % des Français estiment les responsables politiques sont loin de leurs préoccupations.
1. Une exclusion massive
Sources : (1) data.gouv.fr (2) assemblee-
(4) Le taux moyen de participation de 45 % des députés est particulièrement difficile à établir, car leur présence varie fortement d’une séance à l’autre, oscillant entre 20 % et 90 %. Datan.fr retient 29% comme taux de participation. Retenir une moyenne de 45 % revient d’ailleurs à adopter une estimation très haute : cela correspond à environ 260 députés présents dans l’hémicycle ou ayant confié leur délégation de vote. À noter que si 100 % des députés participaient physiquement aux scrutins, la représentativité actuelle de 5 % de la population ne monterait que jusqu’à 11 %. Nous avons volontairement aussi gonflé le chiffre de 55 % pour l’élection des députés.
Le tableau révèle une succession de filtres qui réduisent mécaniquement la représentativité :
Étape 1 – Les inscrits sur les listes électorales
Population totale : 68,5 millions
Inscrits sur les listes : 43,3 millions, soit 63 %
→ 37 % de la population est exclue d’emblée.
Étape 2 – Les votants réels
Voix réellement exprimées : 27,28 millions, soit 63 % des inscrits
→ 37 % s’abstiennent ou votent blanc/nul.
→ La participation réelle tombe à 40 % de la population totale.
Étape 3 – L’élection des députés
Moyenne d’élection : 55 % des voix exprimées
→ Seuls 15 millions de citoyens ont élu leur député
→ 45 % des électeurs n'ont pas réussi à élire leur candidat.
Étape 4 – La participation des députés aux votes
Participation moyenne aux scrutins : 45 % (4)
→ 6,75 millions de citoyens sont représentés lors des votes
→ 8,25 millions ne le sont pas (absences ou délégations non exercées).
Étape 5 – La majorité nécessaire pour adopter un texte
Majorité requise : 51 % des députés présents
→ Un texte peut être adopté avec 3,44 millions de citoyens représentés.
→ 65,07 millions ne sont pas sociologiquement représentés, soit 95 % de la population.
Ainsi, les lois qui s’appliquent à tous proviennent d’un processus où 95 % des Français (mineurs, étrangers, non-
Si tous les députés étaient présents et votaient, la représentativité passerait seulement de 5 % à 11 %.
2. Une mécanique de dilution démocratique
Plusieurs phénomènes convergent :
Le scrutin majoritaire élimine mécaniquement de larges blocs de voix.
L’abstention structurelle réduit la base démocratique.
L’absence aux votes (55 % de non-
La discipline partisane empêche les députés de représenter pleinement la Nation.
→ Un parti majoritaire avec 20 % des sièges ne représente sociologiquement que 2 % de la population lors des votes.
Les coalitions permettent à des minorités très faibles (ex. 1,11 %) de faire adopter des textes majeurs.
Cette perte de substance démocratique crée une situation où « voter semble ne servir à rien », alimentant la défiance déjà observée (91 %).
3. Une représentativité en crise mais réformable.
Cette situation n’est pas une fatalité. Elle appelle un débat serein sur la manière de retisser le lien entre électeurs et représentants.
Réformes institutionnelles possibles
Bulletin secret pour les votes sensibles.
Plus grande liberté de conscience des députés.
Limiter la discipline de parti trop contraignante.
Encadrer le rôle des "shadow staff".
Introduction d’une proportionnelle modulable ("dose intelligente").
Inscription automatique sur les listes électorales.
Droit de vote à 16 ans.
Vote obligatoire avec prise en compte du vote blanc.
Tirage au sort de 5 à 15 % de citoyens pour siéger.
Modernisation démocratique
Consultations citoyennes électroniques.
Votations numériques sectorielles et régionales.
Plateformes numériques de co-
Depuis 1872, l’urne à bulletin secret structure notre démocratie.
À l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, il devient légitime de s’interroger sur des outils modernes capables
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Un avant-
Conclusion
L’étude montre que, sans contester la légitimité juridique de l’assemblée, la représentativité sociologique du vote parlementaire est tombée à un niveau extrêmement faible : 5 %.
Ce constat arithmétique, fondé sur les données officielles de 2024, éclaire la fracture démocratique et la défiance massive.
Il ouvre la voie à un débat indispensable pour restaurer la confiance, renforcer la participation citoyenne et moderniser nos pratiques démocratiques.